Votre mobile vous espionne-t-il même batterie enlevée ?
« Mais déjà des millions de microphones sauvages sont en opération : vos téléphones portables. » Philippe Madelin
Après les mobiles qui cuisent les œufs, les mobiles qui font exploser le maïs, voici le mobile au service des espions, afin que votre vie ne soit plus qu’un mauvais film que d’autres regardent avidement.
C’est un article de Philippe Madelin sur son blog, à la date de samedi 6 décembre 2008, qui révèle que le téléphone mobile est un instrument d’espionnage. Soit, cela paraît relever du bon sens, encore que la paranoïa ne soit pas obligatoire, tout le monde n’étant pas passionnant à surveiller. Là où le bât blesse c’est quand l’auteur affirme que son interlocuteur (dont il tait le nom pour le protéger…) lui dit que l’on peut tout intercepter « même avec un téléphone fermé ». Je commence à douter. Fermé, ou bien en veille ?
Et plus fort encore ! : pour éviter d’être écouté, « il faut retirer la batterie de l’appareil […] Et même dans ces conditions il y a probablement un moyen de vous suivre à la trace ! ». Vous aurez noté comme moi la précision de l’info, l’argumentation étayée, la valeur des explications techniques… Le probablement décrédibilise définitivement l’interlocuteur inconnu et, par voie de conséquence, monsieur Madelin qui propage cette approximation, ce flou qui trahit l’ignorance.
Car l’histoire de la batterie enlevée est la cerise sur le gâteau de la légende urbaine qui se profile. Je m’attendais même à ce que l’auteur nous dise : piétinez-le, éventrez-le, il vous espionnera encore ! Il n’a pas osé.
Mais ce qu’il y a d’intéressant dans cet article, ce sont les débats qui suivent, dans les commentaires. Avant de mettre mon avis critique à la suite du billet de Philippe Madelin, j’ai lu ceux des autres internautes. Oh ! surprise ! Je n’y ai vu qu’une multitude de doutes, des appels à explications, des critiques construites, rien que du bon sens ! Des ingénieurs, des informaticiens, des techniciens en téléphonie se sont insurgés contre des affirmations non prouvées, à tel point que Pascal Riché, rédacteur en chef du site qui accueillait cet article (Rue89) a lui-même écrit un billet pour calmer les esprits. Il y fait un bilan des interventions des internautes, en prend bonnes notes et conclut : « nous allons enquêter plus à fond sur ces questions ».
Lundi en fin d’après-midi, dans les commentaires du billet de Pascal Riché, monsieur Madelin livrait cette phrase lapidaire : « Je ne donnerai plus ni explication ni commentaire. »