Les origines de la culture
Roland Schaer
Collection Collège de la cité, 2008, éditions Le Pommier, 116 pages, 6,60 €.
« Les frontières entre humain et animal sont devenues poreuses. » Extrait, page 20.
En introduction, Roland Schaer entreprend de redéfinir le concept de culture : la culture se révélant plurielle (ne parle-t-on pas de « diversité culturelle » ?), fragmentée, parlons plutôt de « cultures ». Élaboré au cours du XIXe siècle, le mot, pris au singulier, était synonyme de « civilisation », pour nommer la trajectoire de l’homme sauvage vers le progrès. Les études scientifiques ont désormais montré que l’évolution de l’homme n’est pas linéaire, et que ce qui semblait fonder sa spécificité, sa nature, est largement partagé avec l’animal. Un foisonnement de cultures nous apparait désormais chez les oiseaux, les loutres, les orangs-outans, les chimpanzés, à travers des innovations techniques et des transmissions de savoir-faire.
Après avoir ainsi défini les cultures, et relativisé en même temps la place dominante de l’homme, l’auteur s’attache à la particularité des cultures humaines : l’innovation et l’apprentissage. L’apparition de l’outil ne « fait » pas l’homme, mais la fabrication d’outils en tant que moyens de moyens d’arriver à son but, c’est-à-dire élaborer les outils qui serviront eux-mêmes d’outils, de proche en proche, est un schéma opératoire élaboré qui permet de fabriquer hors du corps ce qui lui manque pour agir sur son environnement.
Mais l’auteur ne nous parle pas que de l’outil, il nous narre aussi les débuts de l’écriture et ses grandes conséquences : la multiplication puis la diffusion mondiale de ses supports. Enfin, il tente d’expliquer pourquoi nous apprenons si vite : la durée « longue » de l’éducation du petit d’homme, les connexions synaptiques foisonnantes au moment même où l’enfant interagit le plus avec son environnement, la plasticité du cerveau, la qualité des différentes mémoires (procédurales et déclaratives).
Nées dans le giron protecteur des parents, les cultures font toujours une place à la protection. Il nous appartient, maintenant que nous avons appris à soigner, d'apprendre à prendre soin de cette nature que nous dominons et à laquelle nous sommes liés.